Contes de coeur de Papiguy

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JOMO LE LEPREUX

JOMO LE LÉPREUX première partie

 

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Par un jour gris de décembre, le ciel du Nord de la France pleurait sa brume. Et le vent donnait le rythme, en longues rafales hululantes qui mordillaient malicieusement les objets et enveloppaient les corps d’une haleine mouillée.  Dans la boue du camp de réfugiés de Grande Synthe près de Calais, des enfants se pressaient autour d’un brasero improvisé, d’autres, blottis dans un coin de cabane, allongés sur des cartons écoutaient un jeune homme, Zaïr, raconter une histoire vraiment singulière : l’histoire de Jomo le lépreux.

Jomo le lépreux avait 12 ans.

 

Je l’ai rencontré errant dans les rues de Nouakchott en Mauritanie. Il habitait un gros village du Mali, Kangaba, dans la région de Koulikoro, entre la savane et le fleuve Niger. L’eau avait amené l’opulence dans le village. La terre des champs était riche et généreuse. Le village disposait de diverses ressources. Les villageois avaient tout ce qu’il fallait pour subvenir à leur besoin et même plus. Ils vendaient leurs surplus au marché de Bamako. Ils étaient à l’aise et vivaient dans le confort d’une vie facile. Et puis le village a commencé à être connu et est devenu un lieu touristique. Les commerces ont fleuri comme des fleurs de bacopa après la pluie.  De riches, les habitants y sont devenus très riches.

 

Le jeune Jomo, habitait en bordure du village. Son père était mort à la guerre, et sa mère emportée par la maladie. Il vivait seul, pauvrement, de ce que les voisins voulaient bien lui donner, et des services qu’il rendait chez les uns et les autres. On le voyait arriver de loin, avec ses cheveux roux comme la braise et sa peau plus claire que les autres.  Il était différent.

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Les habitants de ce village avaient tout pour être heureux, et pourtant… Les voyageurs de passage  étaient surpris de croiser ces fiers villageois qui leur servaient des sourires de façade vite effacés par les grimaces d’envie de leur cœur tirelire.   Ils ne se parlaient plus entre voisins. Presque tous les jours, il y avait foule à l’arbre à palabre. C’est là que les procès se déroulaient. Tout le monde était en procès avec tout le monde. Aussitôt que quelque chose gênait un voisin, il faisait un procès, sans chercher à discuter. Les anciens n’en pouvaient plus de ces procès interminables. Plus personne ne se faisait confiance. La peur apparaissait à pas feutrée et les villageois  s’enfermaient chez eux à ne rien faire.

Les plus jeunes s’étourdissaient, se divertissaient  en jouant à des jeux qui n’en finissaient jamais. Pourquoi travailler ? Il y avait tout ce qu’il faut. Et on pouvait faire travailler ceux des villages voisins qui n’avaient pas la même chance.

Alors, la plupart des habitants traînaient et papotaient toute la journée à l’ombre des baobabs ou dans les salons de thé. La paresse est  mère de tous les vices,  dit le dicton. Et c’est bien ce que l’on voyait dans cette bourgade.

L’ennui, serpent au venin sournois, enlace la paresse, et pousse à médire des autres. Au début, on le fait pour faire l’intéressant, on invente des choses sur l’autre… « Tu es au courant pour jeannette ? et blablabla et blablabla… ». Puis la critique devient  acide, aigre, corrosive et blesse les cœurs. La médisance s’infiltre alors dans les bruits qui courent, qui deviennent méchants et destructeurs. Et les villageois cancanent…

Jomo, délicat et timide, ne se mêlait pas facilement aux autres garçons de son quartier. Il avait peur de déranger ceux qui étaient déjà en conversation. Et il supportait mal les railleries  et les ragots. Il se retrouvait souvent seul et isolé.

Un jour, c’est Jomo qui est au centre des conversations et des cancanages :

-        Mais pour qui se prend-il, celui-là à ne pas venir discuter avec nous ? On n’est pas assez bien pour lui ?

-        Oui, il fait le fier parce qu’il a la peau plus blanche que nous avec ces tâches bizarres dessus. On dirait qu’il a des confettis sur la peau ou qu’il a pris le soleil à travers une passoire!

-        Oh, avec moi, il est toujours très aimable.

-        Hypocrite, oui !

-        Vous croyez ? Il est gentil pourtant !

-        Évidemment. Ouvrez les yeux ! Il n’est pas gentil, il est mielleux comme un essaim d’abeilles qui attend le bon moment pour te piquer ! C’est le diable qui nous l’envoie. Il est blanc et ses parents sont des Peuls ! C’est une honte pour notre communauté. Il porte malheur !

-        Il est bizarre, à toujours être seul, non ?

-        Ses parents sont morts bizarrement. Il vit seul. C’est pas normal !

-        il ne va pas à l’école non plus ! C’est pas net !

-        Moi, je vous dis qu’il a une maladie honteuse dit une vieille tricoteuse. S’il reste seul, c’est pour cacher sa maladie. Vous avez vu sa peau avec ces croûtes dessus ?

-        Ma mère m’a dit que c’était la lèpre et qu’il ne fallait pas l’approcher.

-        Il est lépreux ! Oui c’est ça ! il est lépreux ! C’est épouvantable !

-        Fatima, sais-tu la nouvelle ? Jomo ! Il est lépreux !

C’est ainsi que l’information se propagea d’une bouche à une autre. Dans cette bourgade, les bruits ne courent pas, mais galopent. Du jour au lendemain il fût tenu à l’écart. Plus de travail pour lui. Tout le monde fermait  ses portes à son passage. Les enfants lui courraient derrière en lançant des cailloux. Quand il passait dans les rues de sa petite ville, les femmes le menaçaient toutes griffes dehors. On lui criait :

-        Vas-t-en, sale lépreux ! Dehors !

Et lui, ne comprenait pas. Il ne se sentait pas malade. Bien sûr, il y avait ces démangeaisons et ces rougeurs sur les bras et les jambes. Ça lui donnait envie de se gratter ! Alors c’est cela la lèpre !

 

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Il rencontra un des vieux du village, un ancien de la chefferie, Moussa Diallo, qui siégeait à l’arbre des palabres. Il était considéré dans le village, pour sa sagesse. Jomo lui demanda son avis. Le vieux lui répondit : « il n’y a pas de fumée sans feu. Tu es sans doute malade et il te faudra t’en aller. »

 

Jomo alla à la rivière, se pencha vers le courant pour mieux se voir, se palpa et demanda :

-  « rivière, suis-je lépreux ? Mais la rivière ne répondit pas. Il n’entendait que son cœur qui battait sourdement et sentait son ventre noué par la honte ». Il se sentait si mal !

 

 Il décida de partir pour trouver la paix du cœur et marcha, marcha toujours plus loin. Il traversa le sahel, foula le sable et la poussière pendant des semaines et des semaines. Il rencontra la soif, la faim, les bandits sur les chemins de Mauritanie.

 

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Il rejoignit la mer, aux environs de Nouakchott. C’est là que Zaïr l’avait accosté et proposé de le suivre avec sa bande d’amis ; une équipe d’une douzaine de jeunes hommes qui avaient décidé de fuir de chez eux pour rejoindre l’eldorado, l’Europe, un endroit où ils pourraient manger à leur faim, et vivre décemment. Zaïr avait été touché de voir ce petit garçon, errant dans les rues, le corps épuisé, le regard perdu et las qui fixait le bout de ses chaussures usées.   Il allait le protéger comme son petit frère. Ils allaient traverser la mer pour rejoindre ce paradis tant désiré où tout irait bien. Ils seraient toujours mieux que dans leurs pays souvent en guerre, toujours en misère.

 

Et voilà Jomo entraîné dans un périple incroyable ! Lui n’avait pas d’argent pour payer le moindre passeur ; et il se retrouve, après de longues journées de marche, d’attentes, embarqué sur une espèce de petit bateau de pêche, qui longe  les côtes marocaines pour débarquer en Espagne. Lors du voyage, Jomo raconte son histoire à Zaïr. Les autres entendent le mot « lèpre », et s’affolent. Pas question de le garder ! Zaïr dû le défendre pour qu’on ne le jette pas à la mer, et promit de le débarquer à Tarifa en Espagne. Mais la police maritime intercepte le bateau. Ils sont orientés vers un camp de réfugiés, proche de Tarifa, dans le sud de l’Espagne.

Zaïr et ses camarades réussirent à s’enfuir durant le transfert, et continuèrent leur route vers la France. Lui resta là, dans ce camp, ne sachant plus que faire.

 

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À l’écart de tous, il fait attention à ne pas contaminer les autres. Mais les autres réfugiés se doutent de quelque chose. Ils le rejettent violemment, le maltraitent même.

« C’est pire que dans mon village » pense Jomo.

Je suis parti pour trouver paix et sérénité. Je n’ai trouvé que tumultes et aventures sans lendemain. N’y a-t-il pas un lieu où je peux me reposer ?  « Est-ce que cela va s’arrêter un jour ? Pourquoi tout cela ? Qu’ai-je fait pour mériter cela ? Mon dieu, je ne comprends rien à ma vie. J’ai essayé d’accepter tout ce qui m’arrivait. Mais c’est trop dur ! Tout est sombre autour de moi ! Papa, maman, où êtes-vous ?

Il se rappela alors avec quelle ardeur son père priait : « Mon dieu, je te supplie ! Aides moi ! » Il avait vu son père méditer les yeux fermés, alors il se dit qu’il allait faire pareil. Il ferma les yeux. Il ne savait pas quoi faire d’autre. Quand soudain il entendit une voix lui murmurer : écoutes la musique de ton cœur !

 « Il faut que l’on s’arrête les enfants. La tournée des repas vient d’arriver. » Interrompit Zaïr.

-        « Elle est triste ton histoire » dit un enfant.

-        La tristesse et la joie sont bien souvent les deux versants d’une même montagne. L’important est de continuer à marcher, tu sais. Allez ! La prochaine fois, on saura si tout peut changer quand un cœur sincère prie le Seigneur et comment marcher devant soi sans se préoccuper de ce qui se passe autour ». La suite à la semaine prochaine si Dieu le veut. Papiguy de Montpellier

 

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une semaine passe et :

 

-        « Zaïr, raconte nous la suite de l’histoire de Jomo le lépreux ! »

-        Ok, venez les enfants on va se mettre dans ce container, on aura plus chaud. Ah ! il y en a qui n’étaient pas là la première fois, je vous fait un résumé. Vous vous rappelez que Jomo, convaincu d’être lépreux, part à la recherche d’un endroit plus paisible pour lui. Son périple lui fait passer en Guinée, puis longer le fleuve Sénégal et passer en Mauritanie jusqu’à la ville de Nouakchott, au bord du désert mauritanien. Après un périple en bateau, le long des côtes marocaines, nous le retrouvons dans un camp de réfugiés à Tarifa, en Espagne.

« C’est pire que dans mon village » pense Jomo.

Je suis parti pour trouver paix et sérénité. Je n’ai trouvé que tumultes et aventures sans lendemain. N’y a-t-il pas un lieu où je peux me reposer ?  « Est-ce que cela va s’arrêter un jour ? Pourquoi tout cela ? Qu’ai-je fait pour mériter cela ? Mon dieu, je ne comprends rien à ma vie. J’ai essayé d’accepter tout ce qui m’arrivait. Mais c’est trop dur ! Tout est sombre autour de moi ! Papa, maman, où êtes-vous ?

Il se rappela alors avec quelle ardeur son père priait : « Mon dieu, je te supplie ! Aides moi ! » Il avait vu son père méditer les yeux fermés, alors il se dit qu’il allait faire pareil. Il ferma les yeux. Il ne savait pas quoi faire d’autre. Quand soudain il entendit une voix lui murmurer : écoutes la musique de ton cœur !

Il sentit une présence près de lui et ouvrit les yeux. Une vieille femme était prés de lui. Jomo n’avait jamais vu une femme habillée de la sorte. Elle portait une jupe ample bariolée, de grandes boucles d’oreilles en forme de lune, et ses yeux étaient bordés de mascara.

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- « Quel est le désir de ton cœur, mon enfant ? »

Les paroles sortirent de la bouche de Jomo  automatiquement :

-  Mon cœur désire retourner dans mon village et que cela se passe bien avec les autres. Que nous soyons en paix les uns avec les autres, qu’il n’y ait pas de différences entre un blanc et un noir, un Peul et un Bambara, un Bobo et un Dogon.

-   Tu vois la lumière revient en toi. Si tu veux préserver ta clarté, gardes précieusement en ton esprit ce désir comme le but de ton périple. Ne te souci pas des formes que prendra la suite de tes aventures. Garde ton but en ton cœur et vit au présent. Donnes quand tu peux rendre service. Et commences par aller à l’infirmerie du camp…

 

Le lendemain, il se rend à l’infirmerie et interroge une jeune médecin sur sa maladie. Celui-çi l’ausculte et lui annonce :

- Tu n’a pas la lèpre, juste un début de psoriasis, qui n’est ni grave, ni contagieux. Par contre tu as une malformation du pied.

-    Vous savez je suis né avec, alors je m’y suis habitué

-   Mais cela doit te faire souffrir terriblement

-   J’ai toujours ressenti cette douleur en marchant, ce qui fait que je l’ai oublié. Pour moi marcher veut dire avoir mal comme disent les autres, mais pour moi c’est normal.

-    Écoutes, si tu veux, je peux te faire opérer et corriger la malformation.

-    Ce serait mieux ?

-    Bien sûr et facile à faire.

Jomo accepte et se retrouve à l’hôpital,  allongé dans une salle commune avec beaucoup d’autres enfants dans des lits autour de lui et des couveuses avec des bébés au milieu de la salle commune. Dans cet endroit, des infirmières, des aides-soignantes tellement gentilles, s’occupent de lui, l’acceptent comme il est, sans conditions. Pour la première fois depuis longtemps, il se sent bien. Il se sent heureux. Cette bienveillance l’apaise enfin, et il ressent une profonde détente. Des adultes, d’associations humanitaires, viennent lui rendre visite. Il se met à apprendre à lire grâce à eux. Il lit alors tous les livres qui passent pas là, ou que l’on veut bien lui prêter. Le soir il va aider l’infirmière de garde à rouler des bandes. A cloche pied, il va rendre visite aux plus petits qui ne vont pas bien.

 

Six mois plus tard, il est de retour au camp. Il se fait toujours un peu maltraiter. Mais il a changé. Il prend les choses autrement. Il a appris à répondre, à argumenter, à se défendre parfois, à sourire souvent. Et puis il continue à apprendre à lire. Maintenant il y a les livres. Il peut s’échapper tellement loin, hors du temps et de l’espace ! Et puis un étudiant de passage lui apprend la musique avec sa flûte.

 

Quelques temps plus tard, le jeune médecin revient. Il lui explique que l’on a fait une demande pour qu’il soit rapatrié sanitaire dans son pays et cela a été accepté. Jomo est heureux, et accepte avec apréhension.

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Après un voyage sans histoire, il se retrouve aux alentours de son village.  Jomo ne veut pas y entrer tout de suite. Il va s’asseoir au bord de la rivière. Deux années se sont passées. Le petit garçon qu’il était, a grandi, mais ne sait toujours pas comment aborder les gens de son village. Il a bien compris, en revenant de l’hôpital, à quel point c’est difficile de faire changer le point de vue des personnes qui vous entourent. Les gens s’inventent des superstitions auxquels ils s’accrochent ensuite avec conviction.

Il questionne alors la rivière :

 « Comment faire avec ces gens qui me croient lépreux ? J’ai beau avoir compris qu’il s’agit de superstitions et de préjugés, Comment faire maintenant ? Les paroles ne suffisent pas. »

- « Alors ? Tu n’avais pas la lèpre, n’est-ce pas, mon garçon ? » dit une voix derrière Jomo.

Jomo se retourna. C’était un vieil homme, chétif, habillé simplement, au regard pétillant et au sourire aimant.  « Un marabout » pensa Jomo. Le vieil homme debout, une besace à l’épaule, s’appuyait sur une grande canne. Il s’asseya en tailleur face à Jomo. La bonté du cœur rayonnait de lui. Ses yeux riaient au monde.

-   Veux-tu être totalement rassuré ?

-   J’ai rencontré un médecin dans le camp de réfugiés qui m’a diagnostiqué un début de psoriasis. Cela m’a partiellement rassuré.

-   Fais-moi voir cela. Déshabille-toi. Oui, voilà ! Tu as toujours quelques croûtes, des morceaux de peau blanche, mais pas de plaies rouges et cela n’est pas infecté, donc tout va bien. 

Le vieil homme sorti de nulle part, lui fabriqua un onguent avec la boue argileuse de la rivière mélangée à des feuilles et des fleurs de camomille.

-   Tu vas enduire ta peau deux fois par jour et en deux semaines tout aura disparu. Tu es en parfaite santé. Pourquoi craignais-tu d’avoir la lèpre ?

Jomo lui raconta les ragots qui avaient gâté sa vie au village au point de devoir s’enfuir.

-   Pauvres gens, dit le vieil homme. Ils t’ont vu lépreux au dehors parce qu’une partie d’eux l’est au-dedans.

-   Saint homme, pourquoi ne pas venir les soigner comme vous m’avez soigné moi-même ?

-   Je n’ai ni l’énergie, ni le temps pour cela. Je dois retourner vers la source en désignant l’amont de la rivière.  C’est mon but et il semble être loin encore.

 

Alors le vieil homme fit une pause. Ferma les yeux. Jomo eût soudain l’impression que le vieil homme était parti très loin, qu’il n’était plus là. C’était impressionnant. C’est un extraterrestre ou alors il va mourir là tout de suite pensa Jomo. Quelques minutes plus tard, le vieil homme rouvrit les yeux. Dans ses yeux il y avait toutes les planètes de l’univers. Jomo sentit le regard du vieux sage le traverser, regarder loin à l’intérieur de lui, voir tout de lui, et même plus loin que lui. Il parla alors :

-  « Tu peux leur parler toi-même. Tu as traversé maintes épreuves qui t’ont appris à mieux comprendre l’âme humaine et les comportements compliqués des hommes. Les paroles et les sermons ne serviront à rien. Mais tu peux leur parler sans prononcer un mot. »

Il fouilla sa besace. Une flûte lui vint aux doigts.

-   C’est par la musique que tu toucheras leurs cœurs. Sais-tu jouer ? C’est un joueur de flûte allemand qui m’a donné cette flûte. Un jour il est passé à Hameln dans la province de Hanovre et cette ville comme ton village est devenue riche trop vite. Alors la ville fût envahie de rats et le Rattenfänger, comme il est appelé là bas intervint avec cette flute pour emmener les rats loin de la ville. Les ignorants pensaient que la flute était magique parce qu’à chaque fois qu’il jouait de sa flûte, cela enchantait rats, enfants, animaux. Mais en réalité ce sont les douces mélodies de l’amour qui touchent le cœur des créatures de ce monde. Il n’y a pas de magie. Il n’y a pas de pouvoir. Il n’y a que la vibration de l’amour. »

-   « Chaque fois que tu entendras quelqu’un médire ou se moquer, cracher une méchanceté derrière un passant de rencontre, joue de ta flûte. Joues, parfois comme un corbeau criard. Joues, parfois comme une pie qui grince. Soit le reflet de leurs propres vibrations,de leurs propres paroles. Puis poursuis ton reflet musical, en laissant vibrer ta flûte des  notes douces qui viendront de ton cœur.

 

Va mon fils, aime la vie et la vie t’aimeras. Aimes Dieu en toi et tu aimeras Dieu en les gens. Aimes les gens et les gens t’aimeront.

Le vieil homme s’en alla le long de la rivière, sans se retourner et Jomo rejoignît la petite cahutte familiale de son village.

 

 

Aux villageois étonnés de le voir revenir, Il raconta l’histoire de son périple, décrivit la misère humaine rencontrée sur les chemins poussiéreux de la profonde Afrique. Ils furent gênés de l’entendre  affirmer avec aplomb qu’il n’avait pas la lèpre.

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Mais ils furent encore plus surpris de le voir sortir une flute de sa poche et jouer à chaque fois qu’ils parlaient. Ils furent estomaqués de l’entendre jouer. L’écho musical de leurs médisances avait un air si malicieux qu’ils s’en trouvaient tout honteux. C’était comme si leurs pensées étaient chantées en langage d’oiseau encore plus clairement qu’en mots humains. Puis il y avait ces notes si douces et suaves qui suivaient et qui attendrissaient leur cœur.

Peu à peu, hommes et femmes cessèrent de se déchirer à coups de paroles pointues. Ils découvrirent des joies simples et chacun s’en trouva content.  Jomo qui n’avait pas la lèpre le fut aussi, évidemment.

 

 

Il est difficile d'attraper un chat noir dans une pièce noire surtout s'il n'y est pas.

Proverbe chinois

 

 

Texte de Papiguy de Montpellier
Illustrations de Pauline Clerc
Images tirées de photos libres de droit d'auteur.

 

 

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08/06/2016
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