Contes de coeur de Papiguy

Contes de coeur de Papiguy

LES TROIS QUESTIONS

LES TROIS QUESTIONS

 

William était le fils d’un célèbre milliardaire qui possédait une immense propriété à Miami Beach.

William adorait son jardin. Des lotus, des magnolias, des Birds of Paradise,

Et un magnifique parterre de roses toutes plus belles les unes que les autres. Un jour qu’il voulut cueillir une de ses plus belles roses,

 

 

il se piqua si fortement, que le sang jaillit de son doigt.

 

 

 

 

 

Il se mit à hurler, terrorisé à l’idée que son sang puisse sortir de son corps sans son autorisation. Son médecin dû lui faire un pansement et le réconforter.

 

Tout le monde pensa que ce n’était qu’un petit incident sans gravité.

Mais  William ne l’entendait pas de cette oreille. Il avait horreur de ne pas pouvoir contrôler les situations. Lui qui avait tant d’argent ! Qui pouvait tout se payer ! Lui qui était si important ! Comment le sang pouvait-il circuler et s’évader de son corps, sans son accord ? Sans sa volonté ?

 

Il fît appeler les meilleurs médecins du pays, hématologues, cardiologues, angiologues qui lui firent des cours de physiologie, sur la nature des choses et le fonctionnement du corps humain.

 

Mais rien ne calmait sa colère. Dans sa poitrine, tout était tourbillons, explosions  ébullitions.

 

Il fît venir acuponcteurs,

                                             homéopathes,

                                                                       naturopathes,

                                                                                                 rhinipathes,

                                                                                                                        anapatathes,

                                                                                                                                                barbinopathes,

                                                                                                                                                                         astramapathes,

                                                                                                                                                 astrologues,

                                                                                                                        gastroentérologues,

                                                                                                cardiologues,

                                                                          promptologues

                                              faribologues,

                    baritologues

et tout le catalogue des doctes spécialités en « pathe » et en « logue ».

Ils l’aidèrent à calmer sa colère.

 

Mais dans sa tête, les pensées tournaient en rond, tournaient en rond, sans s’arrêter.

C’était comme si son cerveau était un vélodrome, et ses pensées étaient les coureurs pistards en vélo qui couraient les uns derrière les autres sans plus jamais s’arrêter.

 

Et les pensées tournaient ! Et les pensées tournaient !

 

Il n’en dormait plus…

 

Il passait le plus clair de ses journées dans sa roseraie.

 

Un jour d’avril, assis, comme d’habitude, au milieu de ses roses, il entend un chuchotement, tout près de lui.

 

Il tourne la tête. Ne voit rien. Le chuchotement revient. Il tourne la tête :

 

Il ne voit qu’une rose blanche ! Cela viendrait de cette rose blanche ?

 

Il se penche vers elle, approche son oreille. Il entend une voix douce et soyeuse qui lui dit : 

  • « qu’est-ce qui est vraiment important dans ta vie ? ». William écarquilla les yeux éberlué.
  • « respires-moi » murmura-t-elle alors.

Il se prépara à humer son parfum avec délectation. Cela allait être certainement exquis !

Il était prêt à se sentir enveloppé, transporté par le parfum.

Et… rien.

Elle n’avait pas de parfum la rose blanche… Ou alors…

Il respira plus attentivement.

Et puis comme un grand trou blanc.

Pas de parfum.

Mais une sensation d’Pas de parfum!

Mais une sensation d’apaisement tellement agréable...

Ses pensées incessantes s’arrêtèrent.

Il se sentait comme flottant dans l’espace.

C’était tellement calme ! Tellement apaisant !

Il aurait voulu rester comme cela pendant des heures, des jours, une éternité peut-être ?

Mais des voix d’humains dans le jardin lui rappelèrent le présent.

 

Tout était clair maintenant dans son esprit et dans son cœur.

 

Trois questions émergèrent du calme qu’il ressentait :

 

Quelle est la personne la plus importante du monde ?

 

Quelle est la chose la plus importante ?

 

Quel est le moment le plus important pour agir ?

 

Si tu réponds à ces trois questions tu seras tiré d’affaire ! Pensa-t-il.

 

Les jours qui suivirent, il s’installait dans sa roseraie et passait sa journée à méditer ces trois questions.

Rien d’autre ne venait. La jolie rose ne parlait plus.

 

Il avait beau renifler, prêter l’oreille. Rien.

Rien non plus ne venait du fond de lui.

 

Découragé, Il posa les trois questions

à ses amis,

aux collaborateurs de son père,

au personnel de maison,

à son père,

à des psychologues,

des conseillers de tout poil,

des médecins,

des avocats,

des curés,

des Imams,

des moines,

des prédicateurs,

à tous les visiteurs de passage.

Personne n’avait pu lui donner de réponses satisfaisantes ;

il se sentait désorienté, perdu dans ce monde.

 

Découragé, abattu, il sentait l’angoisse venir lui tordre le ventre, oppresser sa poitrine.

N’y tenant plus, il décida de partir de chez lui.

 

Il mît des habits ordinaires pour ne pas se faire remarquer et partit à pied et en stop.

 

 

 

Après avoir longtemps marché, fait de la route, il arriva au bord du Lac Miccosukee.

 

Fatigué, il s’approcha d’un chalet en bois.

 

 

 

Un vieil homme fumait la pipe sur sa terrasse et lui offrit aussitôt de quoi manger.

 

 

 

 

William voulut lui poser les trois questions. Mais le Viel homme lui répondit :

  • « Comme le dit Confucius, ne cherchez pas à connaître des réponses, mon garçon, cherchez à comprendre les questions »
  • Mais c’est vital pour moi !
  • Comme le dit Lao-Tseu, l’expérience est une lumière qui n’éclaire que soi-même. Il est temps maintenant d’aller vous coucher. »

 

Au milieu de la nuit, un grand vacarme à l’extérieur le réveilla en sursaut. Un homme couvert de sang surgit brusquement devant la porte de la maison.

  • « Des hommes me poursuivent pour m’arrêter» expliqua l'inconnu.
  • « Eh bien, abritez-vous un moment chez moi », répondit le vieil homme, qui le cacha dans une pièce du fond.

 

William était trop terrifié pour se rendormir.

Une heure plus tard, il entendit des policiers arriver. Ils agitaient de grandes torches lumineuses qui lançaient des éclairs partout dans la forêt. Des chiens aboyaient.

 

Là William se dit qu’ils étaient en mauvaise posture...

Les policiers demandèrent au vieillard s’il avait entendu ou vu quelqu’un passer. « Je ne sais pas. Il n’y a personne d’autre ici » répondit-il.

 

Les policiers repartirent rapidement. Le fugitif remercia le vieillard, et repartit de son côté. Le vieillard ferma la porte, et retourna se coucher.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le lendemain, William demanda au vieil homme :

  • « Comment se fait-il que vous n’ayez pas eu peur d’accueillir ce personnage ? Vous risquiez de terribles ennuis. C’aurait pu vous coûter la vie ! Et ensuite vous l’avez laissé repartir comme ça!Pourquoi ne lui avez-vous pas demandé qui il était ?
  • Dans ce monde, répondit tranquillement le vieillard, la personne la plus importante est celle qui est devant vous. Elle a besoin de votre aide ; la chose la plus importante est de l’aider ; et le moment le plus important pour le faire est l’instant présent. Il n’est pas question d’hésiter, ne fût-ce qu’une seconde.   Comme disait Confucius : aimer les autres et prendre soin d'eux, c'est agir avec humanité.»

Tout s’éclaira soudain pour William : les trois questions philosophiques qui le tourmentaient  avaient trouvé leurs réponses. Il remercia le vieil homme pour son hospitalité.

 

Celui-ci ajouta :

 

" Comme disait Confucius, nos yeux voient trop le monde, et trop peu le cœur et l'âme. Votre amie la rose vous attend."

 

On ne sût pas ce que devînt William.

 

 

 

On parle que dans la région de Miami Beach, un homme s’est mis, sur le conseil d’un de son ami, à transformer les espaces verts en jardins de légumes ouverts à tous, partageables avec tous. Et des fleurs bien sûr partout.

Papiguy

 



15/07/2017
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